vendredi 15 mai 2020

COVID-19 ... ou ... CO-VIe Durant- 2019

En cette période de crise sanitaire, de pandémie, de guerre invisible, de frayeur mondiale, de peur et d'angoisse, si on essayait de voir les choses autrement ? 
Infirmière coordinatrice en EHPAD, j'ai pourtant été touché en plein cœur face à ce virus appelé chez nous "Connard-Virus".
Cet article reflètera la situation critique que j'ai subis pendant 24 X2 jours  -le temps de 2 vagues de covid-19 et la beauté qui en est sortie ...
Unité COVID


Tout à commencé dans la nuit du 19 au 20 Mars 2020

 Une première fièvre et une première chute chez un de nos résidents. Malgré les mails d'alerte envoyés par des médecins- gériatre--de l'Est de la France sur la diversité des symptômes chez la personne âgée, on pensait comme beaucoup que grâce à nos mesures imposées à l'entrée de l'EHPAD, le virus ne pouvait rentrer : Illusoire!
Et il y a eu ce 20 Mars 2020, où tout a flambé, où une vague- un tsunami- s'est abattu sur l'EHPAD.
En l'espace de 24h, on découvre que 3 de nos résidents sont atteints, peu importe l'étage ou il se trouve ( au RDC, au 1er au 4ème étage). On comprends alors que le virus est "dans nos murs".
J'enchaine un 6ème jour, rappelé en urgence, pour mettre en place l'unité Covid 19 : une barrière de chantier, une pancarte avec un sens interdit, un personnel en contact restreint, des équipements jetables que l'on réutilisera par peur de manquer… et l'avenir nous prouvera que ce fut le cas …
Intérieurement, je me surprends malgré tout à penser: "c'est bon, on gère ! "

Illusoire: 1 autre cas est déclaré, cette fois ci au 2ème étage… 
Patrick, le SUPER Aide-soignant


J'enchaine mon 7ème jour. L'unité covid doit s'agrandir: 1 cas en plus… Le personnel soignant commence à réellement s'inquiéter pour lui et pour sa famille. Et s'il ramenait le virus chez lui ? Certains craquent, pleurent, se mettent en arrêt… d'autres se donnent à 300%. Les familles paniquent elles-aussi...
8ème jour, si seulement la situation pouvait se stabiliser … Pas d'autre cas, mais des résidents "explosés", des fièvres à + de 39°, des dé-saturations en oxygène, des hallucinations, des états inquiétants… Le personnel présent se donne, prend des risques pour être en contact avec les covid+ .

9ème jour, la situation se stabilise, on m'impose 1 jour de congé… 1 jour de "repos" accroché sur mon portable a appeler les collègues en poste, pour connaitre l'état de santé de nos résidents renommés "nos covid+".
10ème jour, notre salon de coiffure - pièce présente dans l'espace désigné pour l'unité covid- se transforme en chambre d'urgence. 
Je me découvre alors un talent d'architecte d'intérieur : scotcher du papier cadeau avec des cœurs sur l'ensemble des miroirs, adapter l'environnement, faire au mieux dans un temps de crise. En ce 10ème jour, nous avons 1 cas en plus : son état de santé est précaire, une urgence respiratoire, fréquence respi à 28, Sat à 60%... On craint de la perdre. Mais son heure n'est pas venue, elle s'accroche…-Aujourd'hui Monique est tirée d'affaire et a repris sa chambre initiale-.

Le temps s'arrête

11ème jour, une de nos résidentes décède… Quelle déchirure et souffrance que celle de n'avoir pas pu laisser ses enfants être à ses cotés pour son dernier passage. La veille, mon téléphone de service accroché à la taie d'oreiller de Mme S, sa fille avait alors pu parler une dernière fois à sa maman. Témoin de cet instant précieux, de ces minutes qui semblent devenir des heures, de ces mots, de ces larmes et de ces silences..., comment en sommes nous arrivés là ? 
Les jours passent, la fatigue s'accumule. Les amis se font présents, par des messages, des attentions culinaires, des plats déposés directement à mon travail, des commandes alimentaires livrées en bas de mon immeuble, des prières, des marques de soutien… Des cadeaux précieux! Et puis il y a ces applaudissements à 20h... 
24ème jour , fin de l'isolement des "Covid+", période imposée d'isolement pour éviter la contamination, et on assiste avec joie au retour dans leurs chambres initiales. Reste une surveillance à maintenir auprès de résidents affaiblis. Certains ont perdu du poids, parfois jusqu'à 10kg... On sait que rien n'est gagné. On apprends jour après jour, comment le virus est capable d'affecter l'ensemble du corps humain : poumons mais pas que… le cœur, mais aussi les reins, le cerveau… La réalité sur le terrain devient compliquée avec :
-des recommandations et des informations du ministère de la santé plusieurs fois par jour.
- des ordres et puis des contre-ordres …
- des tests à faire … puis à ne plus faire…
- des protocoles d'utilisation d'équipements (masque / surblouses/ lunettes/ surchaussures / charlottes) qui se voient totalement modifiés …
Mais on s'adapte, on devient même les meilleurs jongleurs du "Cirque Pinder"... 


Et si c'était la fin du Covid à l'EHPAD ?

Les chambres sont désinfectées, vidées, des sourires sous le masque des soignants se laisse deviner.. On a réussi à tenir ! On pleure notre résidente décédée et on ris aussi-et surtout- avec nos covid+ devenus maintenant nos champions! 
Mais telle une deuxième secousse dans un tremblement de terre, 3 autres résidents présentes des symptômes nous laissant suspecter le virus. 
Appel au Samu, mobilisation d'une équipe de dépistage, et intérieurement on se doute du résultat, c'est reparti pour 24 jours…
On connait la procédure et les gestes à adopter, on se prends même au jeu de "celui qui s'habillera le plus vite en zone covid…"
L'unité est de nouveau remplie par d'autres covid+.
Impuissante, j'assiste aussi à un personnel soignant qui -fatigué par la situation depuis 3semaines- tombe lui aussi … Le virus n'épargne personne… Tous, nous nous surveillons… Et apprenons encore plus à prendre soin les uns les autres. 

Soutenir le moral des troupes deviens alors ma priorité ! 

Chaque soignant devient encore plus précieux, et pour éviter d'avancer tels des zombies du covid submergés, je décide de démarcher des dizaines d'entreprises alimentaires pour apporter du réconfort.  
Des réponses positives pleuvent, Carte Noire - Picard - Haribo - Andros - Kusmi Tea - Bjorg - Nespresso - Thiriet - Cote d'or - tous, sont prêts à nous soutenir et nous envois des colis de gâteaux, de café, de thé, de bonbons, de compotes, de pâtes de fruits…
Les sourires se laissent à nouveau deviner sous les masques et, dans leurs yeux cernés, réapparait un peu de lumière … 

Aujourd'hui, 

Aujourd'hui, notre unité Covid est fermée. 0 cas depuis 27 jours. L'ARS nous a confirmé la fin de l'épidémie au sein de notre établissement. Les derniers tests pratiqués sur le personnel soignant et les résidents, sont tous revenus négatifs. Mais tous restons en alerte, prêt à dégainer de nouveau nos "armes" contre ce virus. Dans cette situation, j'ai découvert des pépites, des personnes uniques et des personnes magnifiques. Vous dites des héros ? Non, ce sont plutôt des super-héros,qui se sont exposés face à la maladie, qui se sont mis consciemment en danger pour soigner tels des soldats… Des soldats pour la VIE.
CoVid-19 sera pour moi un CO/ Ensemble pour la VIe durant cette année 2019-2020.
Puisse cet article faire que tous, nous nous tournions ensemble vers la VIE… 

Merci à vous :
Myriam, Marie-Agnès, Christophe, Juliette et Christophe, les Gordon, Andrée et Thierry, Hélène, Andrée et Christian, Amandine, Séverine et toute la fraternité, Chanchan, Marthouille, Véronique, Marguerite, Julien, toute ma famille, Marion, toute l'équipe des musiciens, aux paroissiens et au curé de la paroisse Jeanne d'Arc, frère Thibaut, Marie-Do, Chrichri, Lucie, Guirec, Benoit, Philippe, Fabienne, Marie Laure, Anne-Claire, Camille, Catherine et Philippe, Jean, Eva, Pierre, Brigitte et Philippe, Marie Louise, Agnès, BMB, Guyonne, Marine, et tant d'autres… 
Merci à mon équipe soignante : Marie, Charlène, Agnès, Patrick, Catherine, Joelle, Graziella, Sophie, Isabelle, David, Lucie, Fatima, Florence, Myriam, Sylvie, Vanessa, Sébastien, Peggy, Anne-Marie, Sonia, Sarah, Larissa, Patricia, Claudine, Karine, Cécile, Aurélie … 

Myriam-Elise  










"Viens sois ma lumière" Mère Teresa

"Mets toi debout et deviens lumière!" Is 60.1